Histoire & Patrimoine de Laversine
Communes décorées de la Croix de Guerre le 21 octobre 1920
Origine du nom Laversine :
LAVERSINE , LAVERCHINE (12·siècle), Lavircina, Versinia
Comme son nom l'indique, Laversine (en latin Lapicidina) évoque les carrières de pierre de taille exploitées depuis l'époque romaine, et qui ont fait la prospérité du village.
- Au XIIIe siècle, plus précisément en 1293, après le grand incendie de la Cathédrale Notre-Dame de NOYON, les pierres de Laversine furent utilisées pour la restauration.
- Construit à la fin du XIVe siècle (1396-1885), le château de PIERREFONDS utilisera les pierres de Laversine pour les pièces extérieures les plus soumises à l'humidité. C'est le cas pour la tête des salamandres et les gargouilles. Elle est également utilisée pour les éléments porteurs comme les chapiteaux, les modillons et les corbeaux.
Couramment dénommée roche de Laversine.il s’agit d’un calcaire coquillier à grain fin, gris, très pâle. La pierre de Laversine est exploitée en galerie souterraine en tranche et au coin.
Son emploi à la cathedrale de Chartres est attesté dès 1859 par E.Boeswillwald. Elle sert pour le gros œuvre et le dallage ainsi que pour la sculpture d’ornement comme les moulures et bandeaux, les lamiers des contreforts et les balustrades. Son emploi est mentionné en 1862, pour la restauration de la partie supérieure de la façade sud du transept ; en 1862, pour des colonnes, des chapiteaux, des bases et le dallage des tourelles du bras sud du transept. En 1883 la pierre de Laversine est employée pour des travaux d’entretien dans la crypte.
Enfin, elle est employée entre 1893 et 1897, pour le calorifère et pour des pierres de taille, des colonnettes et moulures de la partie supérieure de la tour nord de l’abside. Elle est également indiquée dans ces années pour l’achèvement de la restauration de la façade sud de la chapelle Saint-Piat et les reprises de la tour nord de l’abside.
Dans un devis de 1860, Boeswillwald prévoit de reprendre les trois tablettes des contreforts de la façade nord en pierre de Laversine ainsi que plusieurs colonnettes et moulures. Entre 1874 et 1876 cette pierre est encore mentionnée, toujours pour le parement et les moulures, pour la restauration de la partie supérieure de la façade du bras sud du transept.
Le sculpteur FRITEL a réalisé deux crochets d’angle ainsi qu’une figure d’amortissement et une gargouille en pierre de Laversine en 1894-1895.
- En février 1870, sous Napoléon III, l'exploitation s'arrêta par encombrement de marchandises, quand le nombre de maisons construites, notamment à PARIS, devint plus que suffisant !
- Elle furent utilisées lors de la restauration de la Cathédrale de REIMS en 1875, 1879, 1902 et 1905,
En 1879, A. SILVAIN, ingénieur de métier, à publier un livre sur les résistances des métaux et matières. « Carnet du SERRURIER-CONSTRUCTEUR » ou il prend en exemple la pierre de Laversine pour écrire ses formules de résistances
Le Blason
Le village de Laversine était aux 12eme et 13eme siècles la propriété de l’abbaye de St-Denis qui portait "d’azur à trois fleurs de lys d’or", armes adoptées par le village mais brisées d’une cotice.
En 1570, l’abbaye de Saint-Dénis vend Laversine à un seigneur local proche, le marquis de Coeuvres de la célèbre famille d’Estrées. La seigneurie de Coeuvres gardera Laversine jusqu'à la Révolution.
L'église
L'église de Laversine, dont l'histoire se confond avec celle de la région a été construite à partir du XIIème siècle. II reste peu d'éléments de cette époque. Les ans passant, elle subit de profondes modifications qui lui donnent ce caractère si particulier que l'on peut voir aujourd'hui. Eglise de village voué à Saint Laurent, dont la statue de plâtre figure au-dessus de l'autel de droite, elle voit se succéder les générations de cultivateurs d'artisans, de notables, de nobles qui y apportent les preuves de leur dévotion par le don d'un autel, d'un tableau celui du maître autel ou encore celui attribué à Philippe de Champaigne, qui a été restauré, d'un meuble ou d'un banc qui constituent aujourd'hui l'ensemble du mobilier. On y découvre de remarquables sculptures sur bois polychrome représentant différents saints et personnages, traités dans un style particulièrement intéressant propre au XVIIème siècle. Une belle chaire baroque en chêne, a été repeinte avec peu de goût, comme l'ensemble des autels à la fin du XIXème siècle, de même qu'un tabernacle en chêne massif laissant apparaître, après rénovation, trois peintures à l'huile sur bois du XVIIème représentant à gauche Saint Pierre, au centre un Christ en gloire, à droite Saint Thomas. Parmi les pièces dignes d'intérêt signalons un bel ensemble de miséricordes aux motifs sculptés d'excellente qualité, qui provient probablement d'une autre église, placé là bien avant le début du siècle.
Extérieurement l'église de Laversine, ou plutôt son chevet carré, seule partie intéressante, n'en offre pas moins un type curieux à constater. Elle est bâtie sur le penchant du coteau. L'abside ne présente, dans son chevet rectiligne, que d’étroites arcades lancéolées, sans autre ornementation qu’un tailloir et un oculus environné de plusieurs tores concentriques. Entre ces deux arcades aveugles existe une ouverture cintrée, flanquée de colonnettes et couronnée de tores. Aux angles, les contreforts s’évident en encorbellement, comme aux portes· militaires du château d’Armentières, de l’abbaye de Saint-Médard, à la tour et au portail des églises de Fontenoy et de Crouy. Cette disposition architecturale, qui ne manque pas d’originalité, accuse la fin du XIIe siècle ou le commencement du XIIIe. Le clocher s’élève au-dessus de la plate-forme de l’abside sur laquelle ont aménagé, à l’est, une galerie extérieure. La façade du clocher est percée de fenêtres ogivales et ornée d'une corniche à modillons ; elle est terminée, dans sa partie supérieure, par un toit à double égoût. Les transepts et la nef ne nous semblent appartenir comme les autres églises de la vallée qu’au XVIe siècle, malgré leur architecture flamboyante.
CHARLES DE BOURBON BIENFAITEUR DE L'EGLISE
Sur le pignon du transept gauche, un blason dégradé évoque la mémoire d'un bienfaiteur de l'église. Qui était-il ? Dès le XII° siècle, la terre de Laversine appartenait à l'abbaye de Saint-Denis. Elle fut cédée en 1570 à Jean d'Estrées, seigneur de Coeuvres, qui constituait son duché Charles cardinal de Bourbon (1523-1590), oncle d'Henri IV, abbé de Saint-Denis, de Saint Germain-des-Prés, de Saint-Ouen de Rouen, de Jumièges, de Saint-Vincent de Laon, de SaintCrépin-le-Grand et de Corbie portait pour armoiries d'azur à trois fleurs de lis d'or, posées deux en tête et une en pointe, tranché d'un bâton de gueule en bande. Cardinal en 1548 il était devenu chef de la Ligue en 1576 et s'était laissé proclamer roi de France, sous le nom de Charles X. Ce prélat pourvu de nombreuses abbayes était grâce à celle de Saint-Denis seigneur de Laversine. Ge sont bien ses armoiries, surmontées du chapeau de cardinal, qui ornent le pignon du transept. C'est donc lui qui fit agrandir l'église en bâtissant le transept et le bas-côté nord entre 1548 et 1570.
Tout cet ensemble souffre aujourd'hui de l'abandon et du manque d'entretien propre hélas a beaucoup d'églises en France. A l'usure du temps cet ajouté celle destructrice de la guerre de 14, qui dans l'Aisne a fait les ravages que l'on sait. L’église de Laversine avait échappé à la guerre jusqu'en 1918, bien que les armées y stationnent en permanence pendant les quatre années de guerre. L’offensive Allemande du 27 mai au Chemin des Dames va plonger les vallées épargnées du ru de Retz dans la guerre total. C’est là en effet entre la forêt de Villers-Cotterêts et Ambleny que sera stoppé l'armée allemande dans sa marche sur Paris.
Les combats feront rages pendant près de deux mois au pieds de l'église, Laversine sera même envahi, les maisons du village portent encore les traces de la violence des combats qui ont fait ici des milliers de victimes, dans les deux camps. L’église quant à elle subit des dommages importants, le clocher reçoit un obus dans son flanc droit à hauteur de la coursive, la charpente est balayée, les impacts sont multiples. Il faudra plusieurs années pour mener à bien les travaux de réparation. Jugée difficile à récupérer, I ‘Architecte désigné pour la reconstruire propose même de finir de l'abattre. Il n'en a rien été, heureusement, le mobilier a été replacé tant bien que mal à l'intérieur, les portes ont étés refermés et l'église est tombée dans l'oubli.
Depuis peu, les choses ont changé, pour remplacer les collectivités locales qui font peu pour le patrimoine rural, les habitants des villages se regroupent en associations et mettent la main à la pâte. C’est bien-sûr la meilleure façon obtenir des résultats et c’est aussi de cette façon que se sont construites la plupart de nos églises. La vocation de cet ouvrage est de vous faire participer à cet effort et de vous retracer les grandes lignes de l'histoire de Laversine. Les documents présentés ici sont pour la plupart extraits de livres, de publications et d'historiques de régiments auquel sont joint des pièces d'archives. Ils relatent partiellement les événements qui ont eus lieu il y a 80 ans dans les vallées avoisinantes.
LAVERSINE en deux mots
L'histoire de Laversine et celle des villages de l'ancienne généralité de Soissons, lointaine héritière du pays des Suessionnes, se confond avec celle de sa terre de ses familles et de ses seigneurs. Tout au plus quelques indices jettent ici et là quelques lueurs sur cette immensité de ténèbres. Le nom de Laversine dérivé du latin lapicidina évoque ses carrières de pierre de taille probablement exploitées depuis l'époque romaine. Le patron de la paroisse, Saint-Laurent. Atteste l'ancienneté de .la création de la paroisse. Et de l'habitat en ce lieu. Un vaste domaine royal a probablement existé de part et d'autre de l'Aisne à l'ouest de Soissons. Il a été démembré très tôt ; les terres longeant la rive droite ont été confiées à l'abbaye de Saint Médard tandis que celles de la rive droite ont été données à différentes communautés religieuses. C'est dans ce contexte que la terre de Laversine fut sans doute confiée à l'abbaye de Saint-Denis. A la fin du XVIème siècle émergeait à Coeuvres, sur les débris d'une ancienne seigneurie liée au comté de Soissons, le duché d'Estrées.
Son fondateur, Jean d'Estrées fit l'acquisition de Laversine en 1570. Dans les siècles précédents, quelques chevaliers liés aux seigneurs de Pierrefonds étaient apparus à Laversine. Ce lignage chevaleresque a disparu avec le démantèlement de la seigneurie à la fin du XVème siècle. Nos archives en ont tout de même conservé la trace.
• 1137, Hugues Balvères, avoué de Laversine.
• 1153, Lendric de Pierrefonds, avoué de Laversine.
• 1217, Hugues Balvères, avoué de Laversine.
• 1226, Gérard de Laversine, femme Emelinne, enfants/ Pierre, Gérard, Jeanne femme de Bernie d’Artaise.
• 1266, Pierre de Laversine dit Hake, écuyer, femme Flora.
Durant plusieurs siècles Laversine est resté un village isolé et peu peuplé, environ 130 habitants au début du XVIème siècle. Il était alors complètement isolé car la route qui longe le ru de Retz d'Ambleny à Coeuvres n'existait pas. Un chemin sinueux et mal entretenu rendait difficile l'accès à la grande ville qu'était alors Soissons et, en hiver, ce chemin était carrément impraticable. L'organisation de la paroisse est restée immuable pendant des siècles. Le seigneur était représenté, par un avoué puis par un lieutenant de la justice qui au XVIIème siècle avait perdu tous ses pouvoirs et n'était plus qu'un fonctionnaire fiscal Les intérêts généraux des villageois étaient pris en charge par le syndic, sorte de maire aux pouvoirs très limités. Le marguillier assurait la gestion des biens de l'église. Le curé de la paroisse avait quant à lui un rôle important car la religion tenait une grande place dans la vie sociale du village. Confesseur ou confident, il était au courant de tout ce qui se passait. Il était aussi fonctionnaire de l'état civil, en charge des registres de naissances, mariages et décès de la paroisse Le curé de Laversine, était nommé par l'évêque de Soissons et lui rendait compte des problèmes qui pouvaient survenir dans la paroisse.
La guerre de Cent Ans avait provoqué un dépeuplement généralisé de la campagne environnant Soissons Les villages et les fermes ont été abandonnés durant des décennies La tour d'Ambleny aux mains, selon les époques, des Armagnacs, des Bourguignons ou des Anglais, était le point de départ de razzias dans les villages environnants. De cette époque date la destruction de l'église dont il n'a subsisté alors que le clocher et le chœur. Après une période de renouveau au début XVIème siècle, les guerres de religion de la fin du siècle ont laissé un pays ruiné par trente ans de combats incessants. Le XVIIème siècle amena aussi son contingent de malheurs : révolte des princes en 1615, invasion espagnole de 1652, épidémie de peste de 1668. A intervalle de dix ou vingt ans, les disettes succédaient aux disettes et les épidémies aux épidémies. La disette de 1693-1694 a été probablement la plus importante, la mortalité fut exceptionnellement élevée durant cette période. L'hiver de 1709 fut le plus rigoureux que l'on ait jamais connu puisqu'il gela pendant près de trois mois sans discontinuer. A partir de la seconde moitié du XVIIème siècle la situation de la campagne soissonnaise va s'améliorer progressivement et le bouleversement révolutionnaire, en modifiant le statut des propriétés, accélérera le développement économique un instant freiné par les troubles de la fin de l'Empire.
Au début de l'année 1814 les cosaques du général Ouschakoff, cantonnés à Fontenoy occupent et rançonnent le pays. Puis viennent les réquisitions des troupes françaises et après six mois d'accalmie, à nouveau celles des troupes françaises puis encore celles des russes Il faut attendre la fin de 1816 pour que tout se calme et 1818 pour voir les troupes étrangères quitter la région le XIXème siècle a été une époque prospère.
L’aménagement de la route départementale qui traverse Laversine a permis au village d'être relié à Soissons et Villers-Cotterêts et lui a donné les moyens de développer son agriculture, ses carrières de pierre de taille, son artisanat.
En 1856 la population atteignait près de 200 habitants. La vallée du ru de Retz était aussi très peuplée au point qu'on envisageait de faire passe par là le chemin de fer de Paris à Soissons mais ce tracé ne sera pas retenu.
A la veille de la Grande Guerre Laversine est un village actif. On envisage la construction d'une ligne de chemin de fer pour desservir la vallée du Retz de Villers-Cotterêts à Vic-sur-Aisne, les carrières, le four à chaux, l'agriculture donnent du travail à toute la population et l'ancien moulin transformé en usine électrique produit l'électricité aux villages des environs.
Les cultures en 1760
8 charrues produisant :
- 2/3 froment
- 1/3 méteil et seigle
- 1 arp. de vignes
- 40 arp. de prés
- 20 arp. de bois
Population :
• En 1700 : 34 feux
• En 1800 : 144 h
• En 1818 : 164 h
• En 1830 : 180 h
• En 1856 : 193 h
Les Maires de LAVERSINE
• LABOURET Philippe 1733 Conseiller du Roy, Lieutenant général au baillage & siège présidial de Soissons
• MESNARD Pierre 1794 Président du district de Soissons
• LEMAIRE Charlemagne 1796 Président de l'administration du dit canton
• PERURIEZZ 1801 Maire
• MOREAU 1813 Maire
• DESMAREST Jean-Jacques 1825 Maire
• MOMBLE Vray-Louis 1850 Maire
• LEFEVRE Jacques Claude 1851 Maire
• LAURENT Paul Albert 1855 Maire
• DEPREZ Charles Auguste 1862 Maire
• DUBARTE André 1863 Maire
• DAMY Anatole 1917 Maire
• DUGUET Marie-Madeleine 1959 Maire
• DUGUET Bernard 1976 Maire
• GAYARD Francine 1995 Maire
• ANTONIO Michel 2001 Maire
• COTIN Pierre 2008 Maire
• POURTEYRON Jean-Pierre 2017 Maire
• DESTRI Aline 2020 Maire ( mandat en cours )
Mairie de LAVERSINE
25 rue principale
02600 LAVERSINE
Tél : 06.07.70.77.37
Ouverture sur rendez-vous
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